Maman de 5 enfants j’ai finalisé la mémorisation du Coran à l’âge de 35 ans

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Après quelques mois d’absence nous voici de retour avec la Q-Interview. Il s’agit d’interviews faites auprès d’itinérant(e)s du Coran étant à un stade avancée de la mémorisation du Coran (au minimum la moitié) et ayant pour objectif d’inspirer les autres itinérants du Coran à poursuivre leur itinéraire. A travers la Q-interview nous tenterons de montrer des profils qui, malgré les apparentes difficultés, sont parvenus à cet objectif noble qu’est la mémorisation du Coran. Nous avons eu ainsi le témoignage de cette soeur qui a mémorisé le Coran en entier alors qu’elle ne trouvait pas d’enseignants à proximité, nous avons aussi le témoignage de Mina dont la vie a été changé par la connaissance des sciences du Tajwid et enfin le témoignage de Basma qui a finit par mémoriser le Coran en France alors qu’elle a vécu au Maroc et en Arabie Saoudite. Dans cette nouvelle Q-Interview notre soeur Salma Oum Maryam nous raconte son itinéraire ayant mémorisé le Coran à l’âge de 35 ans avec 5 enfants Allahumma Barik. de quoi redonnet espoir à bien des mamans.

1) Présentez-vous à nos lecteurs (Nom, prénom – ou kunya – ville, études ou profession, âge, quantité de Quran, mémorisé…) 
Je me présente, je m’appelle Salma Oum Maryam, j’ai 35 ans et je réside en France. Je suis l’heureuse maman de 5 enfants, âgés de 10 mois à 11 ans. Quant au Coran, j’ai terminé sa mémorisation selon la Riwaya de Hafs 3an 3assim , le 10 août 2016.
2) À quel âge avez-vous commencé la mémorisation du Coran? Et à quel âge l’avez- vous achevé? (Si vous ne l’avez pas encore achevé, indiquez-nous à quelle quantité et à quelle sourate vous en êtes). Indiquez-nous également si vous êtes Mujaz, et quelle(s) est/sont la/les riwaya(s) que vous maitrisez. 
J’ai commencé la mémorisation du Coran alors que j’étais âgée de 23 ans, au début de ma première grossesse. Je l’ai achevée à 33 ans, avec le sevrage de mon 4ème enfant. Cette période de ma vie fut donc doublement enrichissante wal hamdoulillaah. Je n’ai pas encore passé d’Ijaza mais cela fait partie de mes projets bi idhnillaah.
3) Auprès de qui et où appreniez-vous le Coran (en institut, un institut en ligne, à l’étranger, dans votre mosquée…)?
J’ai mémorisé le Coran seule, à la maison. J’ai pu réciter une partie de mes acquis auprès d’un professeur diplômé du Merkez en ligne Al Kunuz et une autre partie auprès d’un membre de ma famille. Je m’auto-corrigeais également à l’aide d’un dictaphone.
4) Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie d’entreprendre ce périple (un hadith, une vidéo, une rencontre…)? Et quel a été l’élément moteur qui vous a permis de maintenir le cap (cela peut être votre entourage, votre sheikh, l’encadrement que vous avez eu…)?
Le Coran me suivit tout au long de ma vie walhamdoulillaah. Enfant, j’appris quelques Ahzab encadrée par ma mère hafidhahAllah. Puis j’effectuai une longue pause, accaparée par mes études. Lorsque je dus quitter le cursus scolaire, le besoin de reprendre ma mémorisation du Coran se fit ressentir, ce que je fis durant une année. Je dus ensuite faire une nouvelle pause de 3 ans lorsque j’étais arrivée dans le monde du travail. Je tombai alors enceinte de mon premier enfant. Ce fut à ce moment que je m’inscrivis à la mosquée du quartier, afin d’étudier la langue arabe et le Coran. A cette période, je n’étais pas spécialement motivée pour mémoriser le Coran dans son intégralité. Je commençai par tranquillement réviser mes anciens acquis, notamment Juzz Amma. Alors que je fréquentais assidument ces cours, je me rendis compte, un beau jour, que certaines sœurs étaient plus avancées que moi. Elles avaient entamé des Souwars que je n’avais jamais apprises et qui étaient bien plus longues que celles que je connaissais.
Parmi ces Souwars figurait bien évidemment une sourate ô combien magnifique : Sourate Al Baqarah.A cet instant, je ressentis ce fameux déclic : moi aussi je voulais apprendre Sourate Al Baqarah et aussi Sourate Al Imran et encore bien d’autres. A ce moment-là, une pensée à la fois folle et merveilleuse me traversa l’esprit : et pourquoi ne pas mémoriser le Coran entièrement ? Avec l’aide d’Allah tout est possible après tout.
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Ainsi commença un long et merveilleux périple jalonné d’embûches et de moments forts… Je fréquentai cette mosquée durant 4 mois, jusqu’à la naissance de mon premier enfant. Je finissais à cette période le 3ème Hizb de Sourate Al Baqarah. L’élément moteur fut, sans conteste, les sœurs dont je m’entourais durant les années suivantes, et avec lesquelles je partageais le même objectif. Ces sœurs ne faisaient pas partie de mon entourage, elles vivaient pour la plupart assez loin, voire dans d’autres pays. Notre entraide se faisait via internet.
5) Quel a été le rôle joué par votre entourage (amis, frères, soeurs, parents, mari, épouse…)? Vous-ont-ils soutenu pendant votre itinéraire? Ou au contraire découragé? Comment cela se traduisait concrètement?
Tout d’abord, la personne qui m’aida le plus à atteindre mon rêve fut mon époux. Qu’Allah Taala le récompense grandement pour tout le soutien qu’il m’apporta et cela de différentes manières. Il sortait régulièrement les enfants, ce qui me permettait de réviser au calme. Il ne rechignait jamais à participer aux tâches ménagères aussi rébarbatives fussent-elles. De la préparation des repas au bain des enfants en passant par le nettoyage de la maison. Qu’Allah Taala le préserve. Je pouvais donc le soir venu, consacrer une partie de mon temps à mon Coran. La seconde personne qui a toujours gardé un œil sur mon avancée fut ma maman, qu’Allah Taala la préserve et lui accorde le Firdaws. Elle me demandait régulièrement quelle sourate j’apprenais et ne cessait de m’encourager et d’invoquer en ma faveur. Ce fut d’ailleurs la première personne que j’appelai le jour de ma Khatma (finalisation de mémorisation du Coran). Je fus aussi beaucoup soutenue par un de mes frères. Qu’Allah Taala le récompense grandement pour cela. Il se tenait également informé de mon avancée. De plus, il ne cessait de me prodiguer des conseils très enrichissants. Enfin, mes enfants, qu’Allah Taala les compte parmi les pieux, n’étaient pas en reste pour me motiver. Ils me répétaient sans cesse qu’ils seraient très heureux d’avoir une maman Hafidha.
6) Quelle méthode utilisiez-vous (ou utilisez-vous) pour mémoriser le Coran? Comment organisiez-vous (ou organisez-vous) votre temps entre votre mémorisation et votre révision? Quel était (ou est) la fréquence de mémorisation (1 page par jour)? Et à quel rythme révisez-vous le Coran maintenant (1 djuz par jour, Plus…)? En combien de temps révisez-vous l’intégralité du Coran (ou ce que vous avez mémorisé jusque-là)?
Ces 10 ans de mémorisation intégrale du Coran furent divisés en deux étapes. La première étape s’étala sur 8 ans et demi. Je pus mémoriser durant cette période 35 Ahzab. Je n’avais alors pas de programme de mémorisation en particulier. J’apprenais de manière intensive par période, puis je ralentissais le rythme lorsque je sentais que la révision était trop lourde. Cependant, je mettais un point d’honneur à réviser régulièrement mes acquis, et j’essayais au maximum de tout réviser chaque semaine.
La parole de shaykh Abdoullah Basfar raisonnait souvent à mes oreilles :

« Cela ne sert à rien d’avancer dans l’apprentissage et de ne pas réviser ce que l’on a appris auparavant, cela revient à construire une maison d’une main et de la démolir de l’autre ».

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Je réfléchissais donc à une quantité de mémorisation raisonnable au quotidien, en tenant compte de ces 35 Ahzab acquis. La seconde étape fut plus courte : elle dura 1 an et demi. Ce fut huit mois après la naissance de mon quatrième enfant que j’éprouvai l’envie d’accélérer le processus de mémorisation et d’accomplir enfin mon rêve le plus cher : rassembler avec la permission d’Allah, Sa parole dans mon cœur.
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Plus je m’approchais de mon but ultime et plus ma motivation grandissait. J’avais noté sur un calendrier vierge, imprimé sur internet, les numéros des pages de toutes les Souwars qui me restaient à apprendre. Avoir une vision à long terme me motivait davantage. Le programme correspondant à la seconde étape (apprendre les 25 derniers Ahzab), consistait à mémoriser une page un jour donné, et la répéter 5 fois. Le lendemain, je retravaillais cette page et la répétais 25 fois. J’augmentais les répétitions à 40 fois pour les dix derniers Ahzab. Ces pages étaient ensuite révisées chaque jour durant une quinzaine de jours, puis un jour sur deux puis un jour sur trois etc…
Lorsqu’une page était apprise et suffisamment répétée, je la surlignais sur mon calendrier, ce qui me procurait un sentiment de satisfaction sans pareil. Quant aux révisions, je révisais environ 5 Ahzab par jour, dont une grande quantité de Jadid et environ un Nisf seulement de Qadim. En effet, à partir de cette seconde période, même si je préférais réviser tous mes acquis chaque semaine, il m’était devenu impossible de le faire : avec la maison et les enfants à gérer, mon temps était très limité. Je décidai donc d’étaler les Ahzab qui dataient de 4 à 8 ans sur une durée d’un mois, puisqu’ils nécessitaient moins de révision. Ainsi, je pus constater qu’ils pouvaient tenir jusqu’à 4 mois sans vraiment s’affaiblir, du fait de les avoir beaucoup révisés les 8 années passées.
Concernant l’organisation de mon temps consacré au Coran, le matin était réservé à la mémorisation et aux répétitions, l’après-midi et le soir aux révisions. Je révisais aussi en prière, ce qui me permettait d’alléger petit à petit la quantité quotidienne de révision. Je mémorisais généralement tôt le matin, avant le réveil des enfants, puis un peu dans la matinée lorsqu’ils étaient à l’école avant de m’occuper des tâches ménagères et du repas. En effet, lorsque je commençais par celles-ci, étant interminables, je ne trouvais, ne serait-ce que 30min de temps libre, à consacrer au Coran. Je m’octroyais encore une petite heure l’après-midi avant le retour des enfants, puis le soir après leur coucher. Je disposais ainsi d’un total de 4h au quotidien pour mon Coran. Il était pour moi hors de question de prendre mon temps sur celui des enfants. Lorsqu’ils étaient présents, ils passaient en priorité, que ce soit pour les devoirs, leur propre programme religieux ou autre. Lorsque, par la grâce d’Allah Taala, je parachevai ma mémorisation du Coran ce fameux été 2016, je consacrai la majorité de mes révisions au Jadid, et me contentai de réviser le Qadim une fois par mois.
En effet, cette période correspondant à la rentrée des classes, mon temps était devenu extrêmement limité. Par la suite, mon programme de révisions consistait à retravailler de manière intensive chaque sourate dans le but de pouvoir réviser Jadid et Qadim chaque semaine. En effet, la révision hebdomadaire est celle qui porte le plus rapidement ses fruits et aboutit à un Hifdh fluide et solide.
7) Pourriez-vous nous décrire une semaine type et une journée type que vous passiez (ou passez) durant la période de votre mémorisation?
En ce qui concerne la mémorisation, je consacrais le temps après la prière d’Al Fajr, à la mémorisation de ma page ou sa répétition (cf. question n˚6). Je disposais d’au moins une heure et demie avant le réveil des enfants. Une fois partis à l’école, je commençais mes révisions du jour de 9h à 10h avant de me consacrer aux tâches ménagères. Après Salat Dohor et une mini-sieste de 15 à 30 min, je continuais mes révisions pendant une heure. Et enfin, le soir, après le coucher des enfants, je faisais mon maximum pour clôturer le programme « révisions du jour » à partir de 21h30 et parfois jusqu’à 1h du matin. Ces moments, normalement consacrés au Coran, furent souvent perturbés par mon enfant qui n’avait pas encore l’âge d’être scolarisé ou qui se réveillait sans crier gare.
8) Combien de temps le Coran consacriez-vous (ou consacrez-vous) par jour lorsque vous le mémorisiez (ou mémorisez) et combien de temps vous prend-il pour le réviser maintenant?
Lors de ma mémorisation du Coran, je consacrais environ 4h au quotidien pour le Coran et je saisissais n’importe quelle occasion pour réviser. La salle d’attente lors des rendez-vous, les trajets en voiture, les sorties au parc en surveillant les enfants, la révision en prière qui permet une meilleure concentration etc… Actuellement, je révise généralement le Coran en une semaine et j’essaie de ne pas dépasser 10 jours lors de périodes mouvementées. Cela me demande environ 3h par jour. Cependant, la vie est pleine d’aléas et il arrive que je ne puisse tenir cet objectif. Mon cycle de révision peut alors s’étaler sur une plus longue période, comme ce fut le cas lors de la naissance de mon cinquième enfant. Cependant, les révisions sur une semaine restent mon objectif et j’essaie petit à petit d’augmenter la quantité à réviser de manière à pouvoir atteindre de nouveau ce but.
9) Avez-vous connu des moments de faiblesse? Des moments où vous vouliez tout lâcher? À quoi était-ce dû et comment avez-vous fait pour les surmonter?
Les périodes les plus difficiles que j’eus à surmonter furent de 4 sortes :
– En tête, je citerais les débuts de grossesse. En effet, je fais partie de cette catégorie de femmes qui sont très malades durant le premier trimestre, je dus à chaque fois mettre le Coran de côté durant environ deux mois puisque je n’arrivais ni à lire, ni à écouter et encore moins à réviser.
– En second plan, les déménagements : périodes durant lesquelles je suspendais ma mémorisation du Coran et me consacrais aux révisions qui s’affaiblissaient par manque de temps.
– Sans oublier les maladies des enfants qui empiétaient inexorablement sur mon programme : nuits blanches, soins, rendez-vous médicaux… Les mois qui suivent la naissance d’un enfant sont également difficiles : les nuits courtes et agitées ont un impact considérable sur la concentration nécessaire à la mémorisation du Coran.
– Enfin, un allaitement de longue durée influe également sur le programme, mes nuits étaient, la plupart du temps, entrecoupées de réveils. Je passai par des périodes de démotivation, de découragement, durant lesquelles je révisai peu mais bi idhnillaah je finissais toujours par m’y remettre motivée par l’avancée d’une sœur, ou la lecture d’un rappel.
Cependant, je ne fus jamais confrontée à l’envie de tout abandonner, walhamdoulillah. Je bénéficiais au quotidien de l’entraide d’une dizaine de sœurs du monde entier (Qatar, Algérie, USA, Maroc, France), sous forme de petits groupes virtuels de 2 à 4 personnes. Notre entraide consistait à échanger au préalable nos programmes et objectifs respectifs. Puis, tous les soirs, nous partagions le bilan de ce que nous avions pu mémoriser ou réviser dans la journée. Le fait d’avoir plusieurs groupes d’entraide me permettait de puiser la motivation nécessaire dans chacun d’eux et de la transmettre éventuellement à un autre groupe démotivé.
10) Dans le même ordre d’idées quelle a été la plus grande épreuve rencontrée dans votre parcours? Y a-t-il eu des fragments du Coran plus difficiles à assimiler que d’autres?
L’épreuve la plus difficile, que j’eus à surmonter durant mon parcours, fut sans conteste les nausées de chaque début de grossesse. A cause de cette difficile épreuve, je dus passer, à chaque fois, par une phase de consolidation des Ahzab acquis voire de réapprentissage de certains passages. (cf. question n˚9). Certaines pages ont été plus difficiles à mémoriser que d’autres. Néanmoins, je trouvais que le Coran était composé en grande majorité de pages faciles à mémoriser. De plus, les pages que j’appris avec difficulté furent, par la suite, celles dont je me souvenais le mieux.
11) Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez mémorisé le dernier verset? Et lequel était-ce? 
Le dernier verset que j’eus à mémoriser, bihamdillaah, fut celui de Sourate Fatir. Un verset que j’avais lu à maintes reprises durant mon parcours, en imaginant le jour où je clôturerais mon apprentissage.

وَلَوْ يُؤَاخِذُ اللَّهُ النَّاسَ بِمَا كَسَبُوا مَا تَرَكَ عَلَى ظَهْرِهَا مِن دَابَّةٍ وَلَكِن يُؤَخِّرُهُمْ إِلَى أَجَلٍ مُّسَمًّى فَإِذَا جَاء أَجَلُهُمْ فَإِنَّ اللَّهَ كَانَ بِعِبَادِهِ بَصِيرًا ﴿٤٥

Et si Allah s’en prenait aux gens pour ce qu’ils acquièrent, Il ne laisserait à la surface [de la terre] aucun être vivant. Mais Il leur donne un délai jusqu’à un terme fixé. Puis quand leur terme viendra… (Il se saisira d’eux) car Allah est Très Clairvoyant sur Ses serviteurs.
(Sourate 35 Verset 45)
Lorsque ce jour tant attendu arriva, soubhanAllah, je me levai ce matin-là avec un étrange sentiment, un sentiment que j’avais déjà ressenti lors de la naissance de mes enfants, ou de la station à 3arafat. Le sentiment d’être seule, dans une bulle, isolée du monde qui m’entourait. Le sentiment que j’étais seule devant Allah, et que ma vie ne serait plus jamais la même. Ce matin-là, je mémorisai la fin de cette sourate hormis les 3 dernières lignes. Je les réservai pour mon prochain créneau consacré au Coran, la maison étant déjà en effervescence. Je voulus savourer ce grand moment, seule, dans le calme, car j’appréhendai ma propre réaction. Le moment venu, je m’isolai à l’étage avec mon Mushaf, appris les 3 dernières lignes et les répétai autant de fois que nécessaire. J’essayai alors de réaliser ce qui venait de m’arriver …. Je me répétai mentalement que, bihamdillaah, je venais de clôturer la mémorisation du Coran…. Cela me semblait tellement irréel… Mon téléphone, posé non loin de moi me signala l’arrivée d’un email.
Un email provenant de « Mon Quran et moi « , ayant pour sujet une interview évoquée 5 mois auparavant concernant mon parcours coranique. Cet email me fit l’effet d’un électrochoc. J’avais, au fond de moi, la certitude qu’Allah Ta’ala m’adressait une sorte de signe. Je laissai, alors, libre court à mes émotions et réalisai vraiment que par la grâce d’Allah je venais d’atteindre l’objectif de ma vie.
12) Quel est le verset où la sourate qui est chère à votre coeur? Pourquoi?
Une de mes Souwars préférées est  » Al Insan « , avec sa description du Paradis. J’aimerai, également, citer mes versets « coup de cœur ». Ils comptent parmi les derniers mémorisés, ce qui leur donne, à mes yeux, un sens particulier.

إِنَّ الَّذِينَ يَتْلُونَ كِتَابَ اللَّهِ وَأَقَامُوا الصَّلَاةَ وَأَنفَقُوا مِمَّا رَزَقْنَاهُمْ سِرًّا وَعَلَانِيَةً يَرْجُونَ تِجَارَةً لَّن تَبُورَ ﴿٢٩

لِيُوَفِّيَهُمْ أُجُورَهُمْ وَيَزِيدَهُم مِّن فَضْلِهِ إِنَّهُ غَفُورٌ شَكُورٌ ﴿٣٠

ثُمَّ أَوْرَثْنَا الْكِتَابَ الَّذِينَ اصْطَفَيْنَا مِنْ عِبَادِنَا فَمِنْهُمْ ظَالِمٌ لِّنَفْسِهِ وَمِنْهُم مُّقْتَصِدٌ وَمِنْهُمْ سَابِقٌ بِالْخَيْرَاتِ بِإِذْنِ اللَّهِ ذَلِكَ هُوَ الْفَضْلُ الْكَبِيرُ ﴿٣٢

جَنَّاتُ عَدْنٍ يَدْخُلُونَهَا يُحَلَّوْنَ فِيهَا مِنْ أَسَاوِرَ مِن ذَهَبٍ وَلُؤْلُؤًا وَلِبَاسُهُمْ فِيهَا حَرِيرٌ ﴿٣٣

Ceux qui récitent le Livre d’Allah, accomplissent la Ṣalāt, et dépensent, en secret et en public de ce que Nous leur avons attribué, espèrent ainsi faire un commerce qui ne périra jamais,

afin [qu’Allah] les récompense pleinement et leur ajoute de Sa grâce. Il est Pardonneur et Reconnaissant.

Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre ceux de Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est parmi eux qui font du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d’autres avec la permission d’Allah devancent [tous les autres] par leurs bonnes actions; telle est la grâce infinie

Les jardins d’Eden où ils entreront, parés de bracelets en or ainsi que de perles; et là, leurs vêtements sont de soie.

(Sourate 35 Versets 29 – 30 – 32 – 33)

13) Avez-vous une anecdote particulière à partager avec nous que vous avez vécu en mémorisant, lisant, révisant ou récitant une partie en particulier? 
Un jour, alors que je révisais Sourate Al Ankabut (l’araignée), le Mushaf ouvert devant moi, je vis une petite araignée parcourir une des pages, d’un bout à l’autre. Je trouvai cela particulièrement amusant. Le lendemain : même manège sur la même sourate. Mais cette fois-ci, je fus plutôt émue. Ce jour-là, j’étais isolée dans une pièce de ma maison de vacances en période estivale. Du jardin, les cris et rires de mes enfants qui disputaient une partie de volleyball avec leur père, me parvenaient. Je mourrais d’envie de les rejoindre mais il fallait tout d’abord remplir le programme du jour. J’avais l’impression qu’Allah Taala m’adressait une sorte de message par le biais de cette petite araignée, que je n’étais pas seule, que j’étais certainement entourée d’anges et qu’Allah Taala me voyait et m’écoutait. Qui pourrait quitter pareille assise ? Un autre jour, la petite araignée me rendit de nouveau visite… Cette fois-ci, j’étais en pleine révision de Sourate Al Hadj. « Une araignée faisant une sorte de pèlerinage ? » me dis-je, amusée. Autre anecdote concernant un verset de Sourate Yunus, qui contient un Madd Laazim (6 temps). Dès que je récitais le début du verset, ma fille âgée alors de 10 mois le reconnaissait et me regardait, les yeux écarquillés, attendant l’allongement qui allait suivre. Et, bien entendu, je ne me faisais pas prier pour le répéter.
14) Quel conseil donneriez-vous pour conjuguer la mémorisation du Coran avec la vie familiale et/ou professionnelle?
Mémoriser le Coran dans sa globalité et élever en parallèle ses enfants est extrêmement difficile, mais pas impossible. En répondant à cette interview, je souhaite avant tout conseiller et encourager les mères de famille. Je leur conseille de s’accrocher à leur Coran en toutes circonstances, d’invoquer sans relâche, de s’humilier devant Allah Taala, de Le supplier et de Le remercier constamment. Nous devons garder à l’esprit que si nous arrivons à notre but ultime, c’est avant tout parce qu’Allah Taala l’a décrété et non grâce à nos efforts qui nous paraissent parfois surhumains. Allah Taala a promis dans Sourate Ibrahim de nous rajouter de ses bienfaits si nous l’en remercions :

وَإِذْ تَأَذَّنَ رَبُّكُمْ لَئِن شَكَرْتُمْ لَأَزِيدَنَّكُمْ ۖ وَلَئِن كَفَرْتُمْ إِنَّ عَذَابِى لَشَدِيدٌۭ 

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La gestion d’un foyer au quotidien est une tâche très prenante. Invocations et patience sont les maîtres-mots pour emprunter ce long et merveilleux chemin qu’est la mémorisation de la Parole d’Allah. Les diverses sollicitations des membres de la famille et les tâches quotidiennes laissent très peu de place à un quelconque apprentissage. De plus, chaque jour apporte son lot d’imprévus, qui relègue ainsi au second plan, si ce n’est au dernier, nos aspirations personnelles. La mémorisation du Coran n’est possible qu’avec des sacrifices.
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Le plus gros sacrifice est sans conteste le sommeil. Entourés d’enfants, la mémorisation ou la révision peut être frustrante et décourageante car notre concentration est sans cesse mise à rude épreuve. Le fait de sacrifier une ou deux heures de sommeil avant le réveil des enfants nous permet d’une part, de profiter au maximum du calme pour bien avancer, et d’autre part, d’être entièrement disponible et de bonne humeur pour notre famille par la suite. Plus l’apprentissage est conséquent et plus il nous faudra sacrifier. Les sorties, surfer sur internet, les réunions entre amies… A la fin de mon apprentissage, durant la dernière année, je ne sortais qu’en cas de nécessité (rdv médical ou visite à la famille). Cependant, je faisais une exception pour les sorties en famille une fois par semaine. J’avais un peu le sentiment d’être coupée du monde, de vivre à l’écart des gens. J’avais renoncé à beaucoup de choses.
15) Qu’est-ce que le Coran vous a apporté dans votre vie? Comment est votre vie maintenant que vous l’avez mémorisé, que vous le révisez et que vous êtes capable de le réciter comme bon vous semble?
Le Coran m’a toujours apporté une sérénité sans pareille. Lorsque je débute une journée avec sa récitation, que ce soit de la mémorisation ou de la révision, je le quitte d’excellente humeur. Je vaque ensuite à mes occupations le cœur léger. A l’inverse, une journée qui débute sans coran est une journée de regrets, de mauvaise humeur et d’impatience, jusqu’au moment où j’arrive enfin à m’octroyer un petit temps de Coran. J’ai constaté à plusieurs reprises que des journées où j’étais triste et à prendre avec des pincettes correspondaient à des journées où j’ouvrais tardivement mon Coran. C’est alors seulement que je trouvais l’apaisement et la joie. Pour résumer je dirais que le Coran est le printemps de mon cœur. Allah Taala dit dans Sourate Ar Ra’d :
(v.28) ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ وَتَطْمَئِنُّ قُلُوبُهُم بِذِكْرِ ٱللَّهِ ۗ أَلَا بِذِكْرِ ٱللَّهِ تَطْمَئِنُّ ٱلْقُلُوبُ
Ceux qui ont cru, et dont les coeurs se tranquillisent à l’évocation d’Allah›.
N’est-ce point par l’évocation d’Allah que se tranquillisent les coeurs?
Je considère que la mémorisation du Coran est la plus grande richesse qu’un être humain puisse posséder. Même si toutes les richesses de ce bas monde nous étaient présentées sur un plateau, elles paraîtraient bien insignifiantes à côté. Lorsque je vois une personne à qui Allah Taala a accordé beaucoup de biens, un bon métier ou toute autre richesse terrestre, je me dis qu’Allah Taala m’a accordé un bienfait inestimable et incomparable : Sa Parole dans mon cœur.
Je ne ressens donc aucune envie et pour rien au monde je n’échangerais ma situation contre la sienne. Même si chaque verset a été appris, répété, révisé, lu et relu, j’ai toujours le sentiment de les redécouvrir, qu’ils revêtent un sens différent selon mon état d’esprit du moment, comme des messages qui m’auraient échappé auparavant.
16) Si vous aviez un conseil technique (et pratique) à donner à ceux qui vous liront, lequel serait-Il? Quel est selon vous l’élément clé à prendre comme allié et à ne pas négliger pour y arriver in sha Allah?
Je conseille à toute personne qui souhaite mémoriser la parole d’Allah Taalad’avoir un programme d’apprentissage à long terme, sur plusieurs années. Ceci afin d’avoir un aperçu général de ce qui a été accompli (que l’on peut surligner) et de ce qu’il reste à accomplir. Ce programme doit avant tout être raisonnable. Si une personne est sûre de pouvoir apprendre 2 pages par semaine, mais pense être capable de faire mieux, il est plus judicieux pour elle de se fixer par écrit ce dont elle est sûre. Rien ne l’empêche de se dépasser par la suite et de prendre de l’avance sur son programme.
En parallèle, il est primordial d’avoir un autre programme à court terme, idéalement sur une semaine, dans lequel elle notera ce qu’elle veut mémoriser et réviser chaque jour. Il est très important d’avoir un programme écrit afin d’éviter de procrastiner. Pour moi l’élément clé à ne pas négliger après la pureté de l’intention, l’invocation et le remerciement, est le fait de ne jamais négliger ses révisions, de toujours garder un cycle régulier, le plus court possible et de toujours privilégier la révision à l’apprentissage.
Mieux vaut avancer lentement, tout en prenant soin de ce qui est acquis, plutôt que de se précipiter et accumuler du Hifdh qui disparaît aussitôt. Aussi, la révision doit aussi être proportionnelle à la mémorisation. Par exemple, il n’est pas logique d’apprendre une page par jour et de ne réviser qu’un Hizb par jour.
Je termine mon modeste témoignage en disant que mémoriser le Coran n’est pas une finalité, bien au contraire. Il nous faut, moi la première, le comprendre et surtout l’appliquer. Qu’Allah Taala nous facilite dans cela. Qu’Allah Taala fasse de Ce Coran une preuve pour nous et non contre nous et qu’Il nous élève par Sa Parole dans les plus hauts degrés du Paradis. Baarak Allahou fikoum d’avoir pris le temps de lire mon long récit et pardonnez-moi si une de mes paroles vous semble déplacée.
Si vous aussi vous êtes à un stade avancé dans la mémorisation du Coran (minimum 30 Hizbs) et que vous souhaitez partager votre témoignage selon vos conditions (interview écrite, audio, vidéo, en anonyme), contactez-nous à mourad@monquranetmoi.fr.

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