Cela faisait un certain temps que je ne m’étais pas armé de ma plume afin de m’exprimer. Une sensation de manque s’est alors emparé de moi et ce à bien des égards. Il a fallut nourrie la chaine Youtube et « se prêter au jeu des vidéos » qui sont bien plus consultées et partagées que les écrits. Toutefois, il faut savoir, parfois revenir à nos fondamentaux et comment pourrions-nous nous passer de la lecture alors que nous sommes sur le blog qui prône l’étude du livre d’Allah? C’est impossible et impensable. Ainsi, à travers ces quelques lignes je souhaitais aborder avec vous un sujet de la plus haute importance tant il en va d’un des éléments de base de notre deen, de notre spiritualité et de nos obligations à l’égard de Celui qui « mérite » et n’admet qu’une adoration exclusive. Permettez-moi donc d’aborder avec vous le sujet de l’accomplissement du Hajj et du voyage à La Mecque.
Rêver de la Mecque, Vivre Al Hajj
Pour tout musulman le voyage à La Mecque afin d’accomplir Al Hajj est le voyage de toute une vie, celui qui vient clore la course d’une vie faite de bonnes actions, de péchés, de regrets aussi, de tellement de regrets. Le voyage à La Mecque pour y accomplir Al Hajj sonne comme une délivrance, il apporte l’espoir du pardon et de la miséricorde d’Allah, il rappelle au croyant que quels que soient les péchés, Allah pardonne, tant que rien ne lui est associé.
[bctt tweet= »La Sharika Laka! Tu n’as pas d’associé! » username= »MonQuranEtMoi »]
Le croyant espère alors ainsi en la promesse divine formulée par le prophète Muhammad ﷺ:
« Quiconque accomplit le pèlerinage sans tenir de propos grossiers et sans commettre de mal
redeviendra comme il était le jour où sa mère l’a mis au monde. »
[Bukhârî et Muslim]
Plus qu’un simple voyage, Al Hajj est la consécration d’un amour, d’une adoration. Tous les jours et inlassablement, le croyant prie, il se rappelle son Seigneur, tous les ans, il s’adonne au jeûne qui purifie à la fois son cœur et son corps, || purifie ses biens par la zakât pour obtenir la bénédiction divine sur ses biens. Puis un jour, il décide de répondre à l’invitation d’Allah, et devenir, lui, l’hôte du Miséricordieux.
[bctt tweet= »Puis un jour, il répond à l’invitation d’Allah, et deviens l’hôte du Miséricordieux. » username= »MonQuranEtMoi »]
Il se prépare à se rendre à l’endroit le plus sacré de la Terre pour rejoindre d’autres millions de croyants venus du monde entier pour, eux aussi, adorer le Tout-puissant. Le (la) croyant(e) se prépare alors pour ce merveilleux voyage.
En foulant la Terre sacrée de La Mecque et en accomplissant les rituels du Hajj. Nous revivons l’histoire de l’humanité qui nous est conté dans les passages du Coran. Nous nous rappelons Hajar qui courru désespérément d’un mont à l’autre (Safa et Marwâ) pour trouver de l’eau pour elle et son fils Ismail. On imagine aussi le prophète Ibrâhîm avec son fils lsmâ’îl construire la maison ultime d’Allah, la Kaabah, en train de poser pierre après pierre en invoquant Le Très-Haut. Nous comprenons alors intimement pourquoi nous allons, nous aussi, de Safa à Marwâ et ce que nous avons devant les Yeux quand nous sommes face au Maqâm Ibrâhîm…
Beaucoup pensent que le pèlerinage doit être le chapitre qui vient clore une vie, qu’il est une consécration finale pour le croyant. Ainsi, certains musulmans attendent-ils d’atteindre la vieillesse ou un âge suffisamment sage pour accomplir le cinquième et dernier pilier de l’islam, pourtant, ceci est une erreur, Al Hajj est une obligation pour celui qui remplit les conditions. Combien de personnes avons-nous vues regretter de ne pas être allées au Hajj plus tôt,alors qu’elles en avaient les moyens et les possibilités?
Il faut considérer Al Haji comme un cadeau, une invitation de la part de notre Seigneur : le Très-Haut nous invite dans Sa demeure sacrée pour vivre des moments uniques auprès de Lui et, à travers cela, nous offre le plus beau cadeau qui puisse être fait : le pardon de nos péchés et la promesse du Paradis.
[bctt tweet= »Le plus beau cadeau qui puisse être fait par Allah : le pardon de nos péchés et la promesse du Paradis. » username= »MonQuranEtMoi »]
Labbayk Allahumma Labbayk, labbayka la sharika laka labbayk
Me voici, ya Allah, je réponds a Ton appel. Me voici, ya Allah,Tu n’as point d’associé, me voici!
Paroles dites et redites, par la langue, le cœur, le corps tout entier, des milliers de fois, par des millions de personnes, hommes, femmes, petits, grands. Premières paroles par lesquelles on commence ce voyage vers La Mecque, premières paroles qui marquent notre entrée dans les rituels du Hajj. Al hajj, qui constitue l’un des moments les plus intenses de la vie du musulman.
Intensité religieuse, par la pression de la foi ambiante, liée à ce lieu choisi par Allah pour Le commémorer depuis des millénaires, reprenant les pas, les gestes et les paroles du père des prophètes, Ibrâhîm al-Khalîl et repris par son successeur, Muhammad ﷺ.
Intensité religieuse dégagée par la communion de deux à trois millions de personnes, unies par l’Un, l’Unique, dans leur pluralité de couleurs, de langues, de races, de sexes, tous venus pour un même but, un même dessein : être agréées par Allah.
Intensité émotionnelle, car foulant la terre de La Mecque, la terre qu’a foulée la meilleure des créatures ﷺ, vivant sentimentalement dans la ville qui a vu la naissance du sceau des prophètes, Muhammad ﷺ, et des versets qui lui ont été révélés et qui ont changé la face du monde. Revivre quelques instants dans le climat, les ruelles, les montagnes, la terre où ont vécu le prophète Muhammad ﷺ, ses compagnons, ne peut être décrit par les plus beaux mots, ni par les plus belles proses. Il faut y aller, y vivre, se pénétrer de la présence invisible de ces premiers musulmans pour sentir le décalage entre les mots et l’intensité émotionnelle de ces endroits choisis et bénis par Allah : La Mecque, et Médine.
Que ressentir face à la Kaabah,ce cube noir, [sociallocker id= »17895″] si simple, mais si majestueux, qu’avait escaladé ‘Abdallah Ibn Masud pour lire le Coran à la face des Mecquois qui l’en firent descendre ensanglanté pour cause de défi et crime de lèse-majesté.?
Que ressentir face à cette Kaabah sur laquelle Bilâl l’éthiopien fit retentir son Adhan (appel à la prière) lors de la prise pacifique de La Mecque?
Que ressentir en buvant L’eau de Zamzam, éternelle perpétuation d’un miracle depuis Ismâîl et sa mère Hâjar? En lapidant les stèles représentant Satan, ou encore en sacrifiant un bélier, comme l’a fait notre prophète Ibrâhîm?
Tous ces actes s’inscrivent dans cette symbolique, si chère aux musulmans, pour dire :
[bctt tweet= »Nous croyons en Allah, l’unique, et nous croyons en tous Ses prophètes! » username= »MonQuranEtMoi »]
Comment décrire ces larmes qui jaillissent des hommes et des femmes qui, lorsque, se mettant devant le tombeau du Prophèteﷺ, disent :
Que le salut soit sur toi, ô Messager d’Allah! ô Prophète d’Allah! ô toi l’aimé d’Allah. J atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah, et que tu es Son serviteur et Son messager. Je témoigne que tu as transmis le message. Que tu as bien remis ce qui t’a été confié! Que tu as conseillé et exhorté ta communauté comme il se devait, et que tu as combattu dans la voie d’Allah comme il le fallait.
Toute La Mecque, toute Médine, tout le territoire sacré sont emplis de cette présence, invisible, mais ô combien vivante et vivifiante, de cette foi, de ces êtres si chers à nous, de ces batailles qui ont vu l’éclosion d’un nouveau dessein pour l’humanité, pour l’éternité. Al Hajj est plus que ça. Il faut l’accomplir avec une foi vivante, palpitante et sincère, pour connaître sa grandeur, et goûter le fruit de ce don d’Allah dans nos cœurs : l’Islam.
Al Hajj est un don d’Allah pour celui qui en saisit le sens et la portée. N’y arrive pas qui veut et qui le peut. On y parvient par la volonté d’Allah et son accomplissement (At Tawfiq) et pas seulement grâce à notre fortune, notre intelligence ou notre ruse.
[bctt tweet= »Ne parvient pas au Hajj qui le veut, car c’est d’abord une invitation et une volonté d’Allah! » username= »MonQuranEtMoi »]
Combien de fortunés, de personnes à statut social élevé n’y ont jamais mis les pieds, n’ayant pas été baignés par la grâce divine. Alors que l’on y trouvera des personnes de tous pays, de toutes couleurs, de toutes tailles, de toutes langues. Parmi eux, des dizaines de milliers de personnes ont tout donné pour arriver à cette « Demeure Sacrée d’Allah», ayant juste de quoi vivre, ayant juste un peu de souffle pour survivre et accomplir ces rites majestueux, si éprouvants pour la santé, mais si rafraîchissants pour la foi et le cœur.
Tu les verras pleurer de joie d’être enfin là, le visage émacié, un bâton ou une vieille chaise roulante pour se mouvoir. Vieux âgés et même très vieuxagés, tourner autour de ce joyau, la Kaabah, boire goulûment de cette eau bénie : Zamzam. Dormir à même la terre quelques instants lors de cette fabuleuse nuit de Muzdalifah sur cette terre aride en ayant pour seul toit le ciel et pour seule couverture les deux tissus blancs de la sacralisation, tous étendus les corps orientés vers la Kaabah, distante d’une vingtaine de kilomètres. Quel bonheur lit-on alors sur ces visages répondant à l’appel d’Allah. Alors, toi, croyant qui as eu cette faveur divine de participer à ce mouvement cosmique ininterrompu du tawaf de faire le parcours entre les deux collines de Safâ et Marwa de fouler la terre sur laquelle a vécu la meilleure des créatures ﷺ . De scander :
« À Toi, ô Allah, je réponds a Ton appel » Labbayk Allahumma Labbayk.»
Fais en sorte que ce voyage soit pour toi effectivement le grand pardon octroyé par Allah à Ses serviteurs qu’Il aime. Fais que ce don divin soit une source d’enrichissement comportemental, moral et spirituel pour toi de telle façon que tu en reviennes vraiment transformé, meilleur qu’avant.
Les rituels du Hajj et leur sens :
Les lignes qui suivent ont pour objectif de (re)donner aux gestes et paroles du Hajj leur portée et leur dimension spirituelles, afin que tu ne les accomplisses pas mécaniquement, vides, sans aucune incidence sur ton cœur, ton comportement, ta langue, ta main, tes yeux. Si le respect des rites dans leurs formes (fiqh) est fondamental, leur respect dans leurs objectifs moraux et spirituels est encore plus important. Le premier conditionne la validité du rite. Le second appelle le pardon d’Allah et Sa miséricorde.
Lorsque le prophète Muhammad ﷺ a été questionné sur la meilleure des actions à accomplir il répondit :
« La croyance en Allah et en Son prophète. Il lui fut ensuite demandé : et après? Il répondit :
Le jihad dans Sa voie. Il lui fut ensuite demandé : et après? Il répondit :
Al Hajj pieux – Al Hajj Mabrour »
[Bukhari – Muslim]
Al Hajj, sur les traces d’Ibrahim Al Khalil
Notre père et prophète Ibrahim avait longtemps attendu un enfant afin que ce dernier perpétue sa lignée, emplisse sa maison par ses cris, et tout simplement aussi en réponse à cet instinct paternel si naturel. Il n’avait jamais perdu espoir; même devenu vieux, les cheveux blancs, il n’avait cessé de demander à Allah de lui donner enfant. Et Allah le lui donna de sa servante Hajar : Ismail!
Mais les épreuves d’Allah allaient venir car…
« Les hommes les plus éprouvés sont d’abord les prophètes, puis ceux qui les suivent », dira bien plus tard son noble et béni descendant Muhammad ﷺ. Effectivement, Ibrâhîm -Khaiîl reçut l’ordre d’emmener son épouse Hâjar et ce bébé tant attendu en un lieu désert et de les y laisser. Ordre terrible, mais il allait s’y conformer. Il les prit et les emmena bien loin dans une vallée sans agriculture, près de Ta maison sacrée [S14 V37]. En arrivant il demanda :
رَّبَّنَا إِنِّي أَسْكَنتُ مِن ذُرِّيَّتِي بِوَادٍ غَيْرِ ذِي زَرْعٍ عِندَ بَيْتِكَ الْمُحَرَّمِ رَبَّنَا لِيُقِيمُواْ الصَّلاَةَ فَاجْعَلْ أَفْئِدَةً مِّنَ النَّاسِ تَهْوِي إِلَيْهِمْ وَارْزُقْهُم مِّنَ الثَّمَرَاتِ لَعَلَّهُمْ يَشْكُرُونَ
Seigneur, j’ai installé une partie de mes descendants dans une vallée sans culture, auprès de Ton oratoire sacré afin, Seigneur, qu’ils puissent accomplir la salât ! Seigneur, dispose en leur faveur les cœurs d’un certain nombre d’hommes ! Veille à leur procurer des fruits pour leur subsistance. Peut-être seront-ils reconnaissants.
L’invocation d’Ibrâhîm est d’abord de reconnaître Allah et Le prier avant de manger et de dormir, Il les laissa ainsi avec le peu de provisions et d’eau qu’il avait. Hâjar ne comprit point cela, elle tâcha de le retenir, mais il lui appliqua la volonté d’Allah. Il partit. Rapidement, les provisions s’épuisèrent, le bébé avait soif et faim, et la mère ne sut que faire dans ce désert. Les pleurs et les cris du bébé déchirérent le cœur de la mère. Elle vit un petit monticule à côté Safa et l’escalada pour essayer de voir au loin s’il y avait trace de vie humaine pour les sauver d’une mon certaine. Elle ne vit rien, et courut de manière éperdue vers un autre monticule qui lui faisait face, Marwa. Elle l’escalada. Mais rien n’apparaissait. Les cris et pleurs du bébé redoublèrent d’intensité, et avec eux, la douleur de la mère.
Elle fit ainsi plusieurs allers-retours en vain; pas âme qui vive. Elle ne savait plus quoi faire. D’un seul coup, les cris et les pleurs diminuèrent; et lorsqu’elle vint à son fils, elle trouva une source qui avait jailli par la grâce d’Allah, sous les pieds du bébé béni qui en frottait le sol. Zamzam ! Quelle joie ! La vie enfin retrouvée pour elle et son enfant.
Des nomades (Jurhum) passèrent et trouvèrent la source à cet endroit, ils demandèrent la permission de s’abreuver puis s’installèrent. Ainsi naquit La Mecque. La mère et l’entant y grandirent. Mais les épreuves vont se poursuivre. Après plusieurs visites à sa femme et son fils Ismail établis à La Mecque, notre père Ibrâhîm al-Khalîl reçut un ordre encore plus terrible que le précédent, sacrifier son cher fils. Il vit le songe par trois fois, et partit voir son fils afin de l’informer de l’injonction et lui demander conseil. Ismâll lui dit :
.فَلَمَّا بَلَغَ مَعَهُ السَّعْيَ قَالَ يَا بُنَيَّ إِنِّي أَرَى فِي الْمَنَامِ أَنِّي أَذْبَحُكَ فَانظُرْ مَاذَا تَرَى قَالَ يَا أَبَتِ افْعَلْ مَا تُؤْمَرُ سَتَجِدُنِي إِن شَاء اللَّهُ مِنَ الصَّابِرِينَ
Et lorsque l’enfant fut en âge d’accompagner son père, celui-ci lui dit : «Mon cher fils ! J’ai vu en songe que je t’immolais. Vois ce qu’il y a lieu de faire !» – «Père, dit l’enfant, fais ce qui t’est ordonné. Tu verras, s’il plaît à Dieu, que je suis de ceux qui savent s’armer de patience dans l’épreuve.»
[S37 V102]
Quelle soumission, quelle obéissance, quelle observance à l’ordre d’Allah, de la part des deux prophètes, le père et le fils! Ils partirent tous deux, se dirigeant vers Mina. Satan essaya de les détourner de l’injonction divine, et leur apparut sous forme humaine. Mais ils prirent des pierres et les lui lancèrent (La lapidation des stèles durant Al Hajj). Il disparut, mais rapidement il réapparut quelques centaines de mètres plus loin. À nouveau, ils le lapidèrent trois fois de suite. Arrivés à l’autel du sacrifice Ibrâhîm prit le couteau, !’éleva au ciel, bismillah, et s apprêta à le faire passer sur le cou de son fils. A ce moment, Allah exauça Ibrâhîm en lui envoyant un Bélier à sacrifier en lieu et place de son fils Ismail. Allah ordonna ensuite à Ibrâhîm et son fils Ismail d’édifier la Kaabah afin que ce temple soit le centre du monde et où viendraient les croyants pour y effectuer Al Hajj :
إِذْ يَرْفَعُ إِبْرَاهِيمُ الْقَوَاعِدَ مِنَ الْبَيْتِ وَإِسْمَاعِيلُ رَبَّنَا تَقَبَّلْ مِنَّا إِنَّكَ أَنتَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ
Et pendant qu’Abraham et Ismaël élevaient les assises de la Ka`ba, ils disaient : «Seigneur ! Daigne accepter de nous cet ouvrage ! Tu es l’Audient, Tu es l’Omniscient !
رَبَّنَا وَاجْعَلْنَا مُسْلِمَيْنِ لَكَ وَمِن ذُرِّيَّتِنَا أُمَّةً مُّسْلِمَةً لَّكَ وَأَرِنَا مَنَاسِكَنَا وَتُبْ عَلَيْنَا إِنَّكَ أَنتَ التَّوَّابُ الرَّحِيمُ
Seigneur ! Fais de nous des croyants entièrement soumis à Ta volonté , et de notre postérité, un peuple également soumis à Tes lois ! Fais-nous connaître les rites que nous devons observer et accepte notre repentir, car Tu es le Miséricordieux, Tu es le Clément !
[S2 V127-128]
Ibrâhîm plaça la Pierre Noire dans l’angle de la construction comme point de départ des tournées rituelles et comme substitut symbolique pour le pacte avec Allah. Quand les murs prirent de la hauteur, Ibrâhîm dut monter sur un bloc de pierre pour pouvoir poursuivre l’œuvre. L’empreinte de son pied resta imprimée dans le roc. On appela ce dernier : la station d’brâhîm.
Après l’édification du temple de la Kaabah,, Allah ordonna à Ibrâhîm de lancer l’appel aux gens de venir y effectuer Al Hajj. Ibrâhîm s’excusa auprès d’Allah sur le fait que sa voix ne pouvait porter si loin. Allah lui dit alors d’appeler les gens, et Lui s’occuperait du reste :
.وَأَذِّن فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالاً وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِن كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ
Appelle les gens au Hajj ! Ils répondront à ton appel, à pied et sur toute monture,
venant des contrées les plus éloignées,
[S22 V27]
Ibrâhîm institua ainsi la visite annuelle à la Kaabah et en confia l’administration à son fils Ismâ’îl. Il retourna ensuite en Palestine, et revint plusieurs fois faire Al Hajj et rendre visite à sa famille. C’est dans cette ligné historique pleine d’épreuves qu’Al Hajj nous fait remonter le temps. Dans la lignée de Hâjar et de son instinct maternel pour sauver son enfant d’une mort certaine, nous effectuons le sa’i.
C’est dans la lignée de la soumission de notre père Ibrâhîm dans son sacrifice que nous exécutons le nôtre, dans sa volonté de combattre le mal personnifié par Satan que nous lapidons les stèles.
C’est dans la voie de notre père Ibrâhîm dans l’édification de la Kaabah que nous accomplissons le tawâf, et que nous renouvelons notre pacte avec Allah.
La Kaabah est devenue ainsi, par la volonté d’Allah la qiblah pour les musulmans, la « direction » pour le regard de tous les serviteurs d’Allah, croyants et soumis à leur Seigneur. Ainsi les rites du Hajj furent révélés au prophète Ibrâhîm : ilhrâm, tawaf autour de Kaabah, sacrifice de bêtes, la station à ‘Arafat, les trois nuits à Mina, la lapidation des stèles durant les quatre jours de Mina, la coupe des cheveux… Tout cela en des jours bien précis.
Le pèlerinage concourt à un grand nombre de finalités islamiques et notamment :
-
- L’évocation de d’Allah (Dhikr) qui est au centre et à la source de toute pratique d’adoration.
-
- Le retour à la foi initiale de notre père Ibrâhîm.
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- Avoir pour mode de vie Al Halal.
-
- Le meilleur comportement.
- L‘unité des serviteurs d’Allah.
Toutes ces finalités concourent à la finalité suprême : sauvegarder la foi.
La première finalité du Hajj est celle d’évoquer Allah (dhikr), comme il s’agit de la première finalité de tous les rites d’adoration prescrits par Allah
نَّنِي أَنَا اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا أَنَا فَاعْبُدْنِي وَأَقِمِ الصَّلَاةَ لِذِكْرِي
En vérité, Je suis Dieu. Il n’y a d’autre dieu que Moi ! Adore-Moi donc et accomplis la prière en souvenir de Moi.
[S20 V14]
Al Hajj vise aussi au retour à la pureté initiale de la foi telle qu’elle fut révélée à Ibrahim.
L’égalité et l’unité des des musulmans compte parmi les grandes finalités du Hajj. En effet, ils sont tous unis, tous égaux dans l’accomplissement du Hajj. Même si certains peuvent habiter dans des hôtels à plusieurs étoiles, manger quotidiennement ce que certains consomment en un mois entier, l’objectif du Hajj n’est pas là, il est dans l’acceptation par Allah des rites, dans la sincérité et la pureté des cœurs, dans l’accomplissement des rites avec tout le dévouement nécessaire. Et au bout du compte, tous, quels qu’ils soient, portent le même simple habit, tous sont à Arafat, plateau désertique ou passent la nuit à la belle étoile à Muzdaliiâ, tous vont lapider les mêmes stèles, dans les mêmes conditions, tous vont accomplir le même tawaf et le même sa’i ; tous prient dans la même mosquée dans les mêmes conditions. Et le plus important dans tout cela, si le pèlerin revient chez lui pardonné de toutes ses fautes, après avoir fourni tous ces efforts, avec la pureté de l’intention et la sincérité du cœur, c’est cela le véritable bénéfice, c’est cela la véritable joie.
Al Hajj, une atmosphère de jour dernier…
Tout Al Hajj concourt à l’idée du jour dernier. Le pèlerin délaisse sa demeure, sa famille, ses biens et part pour une région désertique. Arrivée aux limites territoriales (Miqat), il délaisse encore ses habits pour se mettre en état de sacralisation (Ihram) allant avec tous les autres vers la même destination. Il n’a plus le temps de s’occuper de sa personne dès sa sacralisation, ni relations sexuelles, ni dispute, ni conflit avec les autres, mais va à l’essentiel : Allah.
Il se retrouve au milieu de l’humanité, diversités de nationalités, de langues, de couleurs… Un parmi des millions dans les mêmes habits. Accomplissant le Tawaf, invoquant Allah et implorant Sa grâce et Sa miséricorde. Allant et venant entre les monticules Safa et Marwa, comme comme toute personne au jour dernier, recherchant les moindres bonnes œuvres réalisées afin de les présenter à Allah pour mériter Sa bonté. Puis se présentant, avec les mêmes habits simples (deux tissus) le 9 du mois de chu Al Hijja, toute la journée en un même lieu, en un même jour, Arafat. En prières et en pleurs, demandant d’être sauvés du feu, comme le jour de la Résurrection, loin des fortunes, positions sociales et autres favoritisme de ce monde. Puis la nuit venue, tous sans exception, repartent vers un autre lieu, Muzdalifa, encore une autre station de résurrection, dormant à même le sol avec pour unique couverture le ciel ; les corps, de blanc vêtus comme des linceuls, orientés tous vers la même direction : La Kaabah.
On dirait un cimetière où les corps n’ont pas eu le temps d’être ensevelis. Dès le soleil levé, tous se mettent en mouvement vers un seul lieu, Al Jamarat afin d’implorer Allah d’avoir suivi les tentations du diable, offrant leurs cheveux en signe d’expiation et sacrifiant une bête afin que leur demande de pardon soit acceptée. Tout croyant vivant ces moments intenses verra, si son cœur est ouvert, que le plus important dans sa vie est cette rencontre avec Allah ici-bas, préparant la grande rencontre du Jour dernier dans les meilleures disposition.
Le sens des gestes du Hajj
Il est nécessaire que le pèlerin comprenne le sens du Hajj, et qu’il y soit porté par un désir ardent de l’accomplir. Le premier sens du Hajj pour l’imam al-Ghazâli, est de s’adonner complètement à Allah, dans le mouvement comme dans le repos. Il écrit notamment qu’Allah a honoré La Mecque en y mettant la Kaabah, et en l’appelant Sa Propre Demeure (baytU’Llâh), en la prescrivant comme but de destination de Ses serviteurs, en sacralisant le territoire qui l’entoure (haram). Tout cela pour en accroître la valeur, tout en sachant qu’Allah est trop pur pour qu’une maison puisse L’abriter. Pour renforcer le caractère sacré de ce territoire, il y a interdit la chasse du gibier et l’abattage des arbres. Les pèlerins viennent de loin chercher Sa miséricorde en toute humilité, poussiéreux, humbles devant leur Seigneur. Tout cela, pour souligner le caractère des hommes en tant que serviteurs et esclaves d’Allah. Tout cela pour porter au sommet leur obéissance et leur soumission. À cette fin, Il a prescrit des actes auxquels l’âme ne s’habitue pas, et dont la raison ne comprend pas toujours le sens.
Comme par exemple le lancer des cailloux sur les stèles, et le va-et-vient répété entre Safa et Marwa, même si nous pouvons en saisir certaines portées. C’est pour cela que le Prophète ﷺ dit à propos du Hajj, en s’adressant humblement à Allah :
[bctt tweet= »« Me voici devant Toi, en pèlerinage, vraiment en tant qu’esclave et serviteur » » username= »MonQuranEtMoi »]
Formule qu’il n’a prononcée ni à propos de la prière rituelle ni d’autres actes de piété. Quant au désir ardent qui doit habiter le croyant, quiconque visite Sa maison ici-bas devra tout faire pour que sa visite ne soit pas perdue, et qu’il puisse atteindre son but ultime qui est de contempler le noble Visage d’Allah dans la demeure de l’éternité.
Quant au Tawaf de la Maison Sacrée, sache qu’il constitue l’office d’adoration par excellence en ce lieu et en ces moments. Que donc règnent dans ton coeur le respect et la crainte ainsi que l’espoir et l’amour, Ne pense point que le but en soit le tour de le Maison fait par ton corps, mais bien le tour fait par ton coeur, pour te rappeler Le Seigneur de La maison.
Quant au parcours (sa’i) de l’espace entre Safa et Marwa dans la cour extérieure de La Maison il ressemble au va-et-vient du serviteur dans la cour du palais royal, allant et venant sans cesse pour manifester sa diligence dans le service, espérant être considéré avec l’once de la miséricorde.
Quant au séjour à Arafat, qu’il te fasse penser au rassemblement du Jour de la Résurrection où les gens se regrouperont autour de leurs prophètes et de leurs guides.
Quant à la lapidation, cherche de cette façon à ressembler au prophète Ibrâhîm quand Satan lui apparut et qu’il le lapida par trois fois pour se soumettre à l’obligation divine.
Al hajj est avant tout, pour le musulman, la commémoration des bienfaits d’Allah sur Adam, Hawa (Eve), Ibrâhîm, Hâjar et Ismaîl et ceux, parmi les croyants, qui les suivront… Puissent Allah vous compter parmi eux, puisse Allah accepter nos infimes bonnes oeuvres et nous pardonner l’immensité de nos péchés. Si vous souhaitez accomplir Al Hajj en compagnie de Mon Quran et moi et tawhid Travel cliquez ici.
Sources : Hadj ‘Umra – Guide pratique de Mostafa Brahimi
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