Le mois de janvier 2016 a été le moment de tous les bouleversements pour moi. Le 13 janvier je lançais le guide des itinérants du Coran, le 15 janvier je devenais papa de mon premier enfant passant ainsi de Mourad Ibn Jamel à Mourad Abou Ismail. Qu’on se le dise, être parent à une époque telle que la notre n’est pas une mince affaire. Être parent musulman responsable de l’éducation religieuse de ses enfants encore moins. Leur léguer les outils, les connaissances, la croyance et la foi qui feront d’eux bi idni Allah les musulmans de demain est une préoccupation de chaque jour afin de leur léger le meilleur et le plus beau des héritages celui de notre bien-aimé prophète ﷺ. Et forcément lorsqu’on parle d’éduquer, on parle surtout d’apprendre la prière aux enfants dès le plus jeune âge afin que cela fasse partie intégrante de leur vie. Afin qu’une vie sans prière ne soit une chose inenvisageable, impensable et inacceptable. Afin que la norme soit la prière et que l’exception absurde, inadmissible et inconcevable serait de passer sa vie sans adorer Celui qui t’a créé et t’a tout donné. Mon fils Ismailou grandit chaque jour et lorsqu’il a eu 4 ans en 2020 nous nous sommes dit avec sa mère que nous devions commencer à passer à la vitesse supérieure. Cela tombe bien, de mars à mai nous avons été confiné deux mois ce qui était une aubaine pour lui expliquer les choses et lui créer un environnement favorable pour le développement de sa foi au rythme du développement de son esprit d’enfant. Qui plus est, ce confinement de 2020 tombait en même temps que le mois de Ramadan. Suite à cette première expérience et aux mois qui se sont écoulés suite à cela, j’ai souhaité partager avec les autres parents de la communauté de Mon Quran et moi 12 conseils pour apprendre la prière aux enfants.
1. Invoquer Allah pour apprendre la prière aux enfants.
On aura beau faire ce qu’on veut, faire les causes qu’on souhaitera, on pourra s’épuiser à la tâche autant qu’on le voudra si on en n’appelle pas à l’aide d’Allah en toute humilité, Celui qui contrôle les coeurs, les esprits, les vies, c’est perdu d’avance. Car apprendre la prière aux enfants, c’est espérer qu’Allah les guide. Et à ce sujet, le meilleur exemple que nous puissions avoir se trouve en notre prophète Ibrahim aleyhi salam, dans la sourate qui porte le même nom. Ibrahim aleyhi salam a obtenu ces deux enfants Ismail et Ishaq à un âge avancé après avoir passé sa vie à implorer Allah pour avoir des enfants. C’est pourquoi il remercia d’abord Allah de l’avoir gratifié d’une descendance, puis dans un second temps il fit une invocation dont voici la traduction :
Les louanges sont à Allah, Celui qui m’a gratifié d’Ismail et d’Ishaq, malgré mon grand âge ! Mon Seigneur est si prompt à entendre les prières !
O mon Seigneur ! Fais que j’accomplisse assidûment la Salat ainsi qu’une partie de ma descendance; exauce ma prière, ô notre Seigneur
Cette invocation est un véritable trésor pour les parents que nous sommes! Et permettez-moi de la mettre en perspective. Tout d’abord, nous remercions Allah pour le bienfait qu’ils nous a octroyé, mais tout bienfait que nous obtenons peut aussi être une source d’égarement à cause de l’attachement émotionnel que cela peut susciter (surtout quand on parle d’enfants…).
et pour s’en souvenir il n’y a qu’à lire ces versets à la fin de sourate Al Kahf lorsque Al Khidr a justifié le fait d’avoir tué cet enfant en disant :
18.80. Quant au jeune homme, il avait pour père et mère deux bons croyants. Nous eûmes peur qu’il ne les entraînât dans sa rébellion et son impiété,
C’est pourquoi nous réaffirmons ensuite notre engagement de faire notre possible pour établir la prière de manière convenable dans nos vies, afin d’honorer notre engagement mais également pour être reconnaissant envers Celui qui nous fait bénéficier de tant de bienfaits. Et enfin nous demandons à Allah que notre descendance soit aussi ferme dans l’accomplissement de la prière. Et Wallahi de vous à moi, il n’y a pas un jour où je ne récite cette invocation sans qu’apprendre la prière à mon enfant ne soit facilité.
2. Accomplir la prière et à l’heure et en famille.
Les enfants apprennent par mimétisme. Maintenant ce n’est un secret pour personne. Les enfants font ce que nous faisons, disent ce que nous disons, agissent comme nous agissons. Si nous souhaitons donc que nos enfants soient de bons musulmans il s’agira pour nous de l’être d’abord. Et si nous voulons que nos enfants apprennent la prière, il faudra d’abord leur montrer le chemin car nous sommes leurs premiers modèles. Et de vous à moi, plus les sacrifices pour accomplir la prière seront grands, plus ils se rendront compte de l’importance de la prière. S’ils vous voient en train de prier à l’heure dans toutes les circonstances, ils saisiront sans rien dire de plus que la prière est le squelette de votre journée. Au milieu de la nuit, dans un aéroport, en pique-nique, au beau milieu d’un match de foot…
Pendant le premier confinement du printemps 2020, on ne pouvait absolument pas sortir. C’était donc la meilleure opportunité pour montrer à Ismailou que nous pouvions et nous devions nous réunir pour prier Allah. Accomplir la prière en son temps, et en famille est un moyen très simple d’apprendre la prière aux enfants. Sans parler de l’influence importante que cela amène. Plus nous serons nombreux à prier plus il sera difficile de refuser à quelqu’un de se joindre à la prière. Alors plus vous serez nombreux en famille ou avec des amis à vous réunir pour prier plus il ne pourra pas sortir du lot. Et dans son petit esprit le chemin se fera car il comprendra que ce n’est pas normal de ne pas faire la prière. C’est ce qui s’est passé en sortant du confinement de printemps 2020, lorsqu’Ismailou a vu un membre de ma famille qui n’accomplit pas la prière (qu’Allah la guide vers le chemin de la prière), il finit par lui dire : Bein?! Tu fais pas la prière toi?! Pourquoi?!
3. Les inviter à participer à chaque prière faite en leur présence.
Première sagesse qu’on doit appliquer dans le cadre de la Daawah, du fait d’appeler les gens à Allah. Inviter, répéter, inviter, rebelote et ne jamais cesser. Mais surtout… Ne jamais forcer! Alors dès qu’une salat doit être effectuée inviter vos/votre enfant(s) à participer avec vous parfois ils répondront oui, d’autres fois non, parfois ils diront non mais se joindront à vous au cours de la prière, parfois ils viendront d’eux-mêmes. Je me souviens d’une prière accomplie tard dans la nuit et au cours de laquelle Ismailou s’était réveillé. Il m’a entendu, s’est joint à moi, et s’est installé à coté de moi la main droite sur la main gauche pour terminer la salat. Nous verrons également dans le 5éme point ci-dessous le fait de leur donner des raisons pour accomplir une prière.
4. Fréquenter la mosquée et les emmener avec nous.
Depuis l’été 2020 j’ai déménagé dans un logement qui se trouve à 1 minute 30 secondes à pied d’une mosquée (la réalisation d’une invocation faite pendant des mois wal hamdulillah) ce qui signifie qu’en tant qu’homme je n’ai plus d’excuses pour ne pas prier à la mosquée. Et à chaque fois que je m’y rends et que Ismailou est à la maison je lui propose de se joindre à moi. Idem, parfois il dit oui, parfois il dit non, parfois il me dit non mais au moment où je m’apprête à sortir il veut m’accompagner. Et surtout wal hamdulillah dans la mosquée que je fréquente, les papas jouent le jeu. Il y a un papa qui donne systématiquement une sucette à Ismailou lorsqu’il vient à la mosquée. Et d’autres qui s’amusent avec lui lorsqu’il se met à courir dans la mosquée avant le début d’une salat. Il faut clairement créer une atmosphère propice à nos enfants dans les mosquées et que cela devienne un lieu de bienveillance afin qu’il s’y sente bien. Egalement, concernant ce point, il se peut qu’il vous accompagne à la mosquée, proposez-lui de se joindre à vous pour accomplir la Salat, mais s’il refuse, on ne lui impose rien. L’essentiel étant qu’il voit une communauté se constituer pour adorer Allah. N’est-ce pas dans les maisons d’Allah qu’apprendre à faire la prière aux enfants est le plus béni?
5. Récompenser leurs efforts.
J’entends déjà certaines voix s’élever sur cette question, en parlant d’abord de la question de l’intention mais quand il s’agit d’un enfant il s’agit surtout de psychologie pour encourager. Car au fond pour n’importe quelle bonne action effectuée il y a une récompense que celle-ci soit exclusivement dans la akhira, ou que parfois ce soit les deux. Et surtout il ne s’agit pas de les récompenser à chaque fois, mais de le faire parfois, que cela reste exceptionnel. Avec Ismailou depuis ces 5 ans on a fixé un deal, chaque jour il doit accomplir une prière, celle qu’il souhaite dans la journée. Mais un jour par exemple, de lui-même il a voulut en faire deux. Alors le lendemain je me devais de marquer le coup en lui achetant un petit jouet et en lui disant que c’était Allah qui lui avait offert.
6. Stimuler leur fitra (en leur expliquant que c’est le moment de demander à Allah ce que tu veux)
Il faut expliquer aux enfants qui est Allah, et c’est souvent ce qui a fait défaut dans l’éducation islamique qu’on a potentiellement reçu. On nous a dit de faire les choses, on nous a montré comment les faire mais sans forcément répondre à la question du pourquoi? Il s’agira donc de stimuler leur nature saine, leur fitra, en leur expliquant qui est Allah, qu’Il est Celui qui a tout créé dans l’univers, qu’Il a créé le paradis et l’enfer, et que pour aller au paradis et éviter l’enfer il faudra faire Salat. Leur expliquer que nous sommes des adorateurs d’Allah, des musulmans et que les musulmans font la Salat… Et surtout qu’Allah est Celui qui donne et que donc c’est à Lui que nous devons tout demander. Depuis, qu’il sait ça Ismailou fait beaucoup de duas pour avoir des legos lol.
7. Le cycle : Déclencheur – Routine – Récompense.
On avait abordé cette question concernant les addictions et notamment l’addiction aux écrans dans une intervention que vous pourrez consulter en cliquant ici. Une habitude, que celle-ci soit bonne ou mauvaise suit le modèle Déclencheur – Routine – récompense. Lorsqu’il s’agit d’une mauvaise habitude comme par exemple le fait de fumer une cigarette, le déclencheur peut-être pour certains le réveil, un café, un lieu en particulier, une personne en particulier. La routine c’est d’allumer une cigarette et de la fumer, la récompense ça peut être ce que provoque l’effet de la nicotine mais parfois cela peut être plus profond comme l’acceptation des personnes qui nous entourent. Dans le cas d’une bonne habitude que vous souhaitez mettre en place comme le fait de courir régulièrement45 minutes pour travailler votre cardio, ça peut être la sortie de travail ou un rendez-vous avec une personne de votre entourage avec qui vous iriez faire votre jogging. La récompense sera donc la sécrétion d’endorphine qui vous apaisera et sur le long terme la perte de poids avec une. bonne remise en forme in sha Allah. Il s’agira dans le fait d’apprendre la prière aux enfants en adoptant le même schéma. En leur disant par exemple, les mercredis après-midi ou le week-end, voici le programme de l’après-midi, on fait une activité coloriage, ensuite on prie Al Asr et une fois la prière terminée on va prendre le gouter chez mamie. De cette manière l’accomplissement de la prière est prise en sandwich entre deux moments plaisants ce qui lui permettra d’assimiler le plaisir à la prière.
8. Leur donner des raisons pour accomplir une prière (demander et remercier Allah).
Accomplir sa prière c’est être au plus proche d’Allah. C’est donc le moment de Le remercier pour ce qu’Il nous a donné, et Lui demander ce dont nous avons besoin. Alors avant d’accomplir une prière je vous conseille de lui poser une question toute simple : tas passé une bonne journée? C’est quoi la chose que tu as le plus aimé aujourd’hui (bon j’avoue en fait il y a deux questions lol) et une fois une réponse obtenue lui dire que c’est une raison pour laquelle nous devons accomplir la prière pour remercier Allah. Car quand on est reconnaissant envers Allah, Allah nous en donne davantage.
Mais surtout parce que sourate Al Fatiha commence par : الْحَمْدُ للّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ Louange à Allah, le Maître de l’Univers,
Et dans un second temps lui demander ce qu’il lui ferait plaisir, une fois la réponse obtenue, lui dire que c’est le moment pour Le demander à Celui qui exauce les invocations.
9. Avoir une horloge qui fait Al Adhan chez soi pour apprendre la prière aux enfants.
Dans la continuité du conseil numéro 7, le meilleur déclencheur que l’on puisse avoir est sans conteste l’appel à la prière – Al Adhan. De cette manière on extériorise le rappel qui est fait de manière systématique et sans intervention de notre part, s’imposant dans nos vies, nous rappelant de marquer une pause afin de répondre à l’appel d’Allah. Et dans l’esprit d’un enfant ça prend tout son sens et toute son importance ou parfois, lorsque votre enfant vous demande de jouer avec lui, on peut lui répondre : Ismailou, tu entends al Adhan? Ça veut dire quoi? Et d’autres fois vous allez être surpris lorsque ce sera votre enfant qui vous dira : Papa? C’est l’heure de Salat!
10. Fréquenter d’autres familles pieuses.
Il est important de saisir le principe d’influence, plus la pression sociale est importante plus les éléments qui la déterminent s’impriment comme des normes identitaires. Et ainsi en rendant visite et en passant du temps avec d’autres familles musulmanes cela permet de créer un environnement mental ou l’Islam, et donc l’adoration d’Allah, est LA norme, surtout si au cours de ces fréquentations nous sommes amenés à accomplir la prière en commun. L’objectif étant que nos enfants comprennent qu’accomplir la prière est une chose normale et qu’au contraire ne pas l’accomplir relève d’un comportement déviant.
11. Faire la Hijra
Dès qu’on parle de la Hijra, l’un des principaux arguments de ses partisans est le fait d’entendre Al Adhan dans les rues. Et le principal argument de ceux qui ne sont pas pour la Hijra sera de répondre que Al Adhan n’est pas une obligation. Peut-être que cela ne relève pas d’une obligation, mais il s’agit d’un rappel ô combien important pour un acte qui, lui est obligatoire, au point où il s’agira de la première chose sur laquelle nous serons interrogés au jour dernier. Alors vivre dans un pays où on nous rappelle 5 fois par jour ce pourquoi nous avons été créé; ce n’est pas du luxe, c’est éducatif. Comment voulons-nous apprendre la prière à nos enfants et son importance quand on vit dans un environnement où ce n’est pas le cas?
12. Les faire voyager en terre d’Islam (En Omra, au bled, Dubai…)
A défaut de faire la Hijra, voyager un terre d’Islam est un très bon moyen pour enseigner à nos enfants la prière. Le best est bien évidemment d’accomplir une Omra en famille afin qu’ils constatent de leurs yeux comment les hommes ont embrassé en masse la religion d’Allah et en allant sur les traces du prophète ﷺ et ses compagnons qu’Allah les agrée. Aller au bled est aussi un bon moyen. Dans ma ville natale à Oran en Algérie par exemple nous avons un parc d’attractions et dans celui-ci il y a une salle de prière, on prend une pause Salat dès que Al Adhan retentit et c’est reparti pour un tour de grande roue ensuite. Après il y aussi Dubai ou il y a vraiment des salles de prières partout avec Al Adhan qui retentit. Lorsque tu te promènes au Dubai Mall et que tu entends Al Adhan, c’est là où tu regardes ton fils en lui disant :
Ismailou qu’est-ce qu’on entend?
Al Adhan!
Et qu’est-ce qu’on doit faire quand on entend al Adhan?
La Salat!
Allez c’est parti weldi (mon fils) après je t’achèterais un jus in SHA Allah.
Et des légos?
Demande à Allah on verra si ta Du’a elle est exaucée.
Voici donc les 12 conseils que je souhaitais partager avec toi pour apprendre la prière aux enfantsque tu peux retrouver dans ce récapitulatif PDF apprendre la priere aux enfants en cliquant ici. Ils sont tirés de mon expérience personnelle, et au moment où j’ai écrit cet article Ismailou à 5 ans, peut-être que de ton coté tu as d’autres astuces à partager avec nous? Je serais ravi de les lire en commentaires!
