Je vous l’avais promis au mois de septembre dernier. Cette année de nombreuses choses vont vous surprendre in sha Allah et vous permettre de vous rapprocher davantage du Coran pour en faire votre compagnon. Et une des choses qui sera le plus exploité (et que vous demandez surtout!), ce sont les témoignages de personnes qui ont mémorisé une bonne partie du Coran (minimum 30 ahzabs) ou qui l’ont mémorisé en entier. D’ailleurs si vous faites partie de ces personnes, ou si des personnes de votre entourage sont concernées, je vous prierais de m’en faire part en cliquant ici, afin que nous organisions une Q-Interview (Quran-interview). L’objectif des ces interviews n’étant pas de s’extasier devant des personnes qui ont réalisé notre rêve. Non. Mais, comme le veut l’adage de ces Q-Interview que leur itinéraire inspire d’autres itinérants in sha Allah. Alors nous vous avions présenté il y a plus d’un an, cette websérie s’intitulant le Coran dans le Coeur et dans la tête. Nous avions également présenté cette soeur qui a mémorisé le Coran. Egalement, nous avions partagé avec vous le témoignage de la soeur de Nabil Ennasri qui avait elle aussi mémorisé le Coran. Puis, plus récemment nous avions eu droit au témoignage de Mina qu’Allah a guidé par le biais du Tajwid. Aujourd’hui, nous aurons le témoignage de Basma (prénom fictif car la soeur souhaite garder l’anonymat) qui a fini par apprendre le Coran en France. Vous comprendrez pourquoi j’ai précisé cela en lisant la suite de l’article ci-dessous. Je terminerais juste que cette Q-Interview est un véritable booster pour les mamans.
Une Interview inspirante: Apprendre le Coran
1) Assalamu aleykum Basma, pouvez-vous présenter à nos lecteurs.
Je m’appelle Basma, j’habite dans le 92.Je suis professeur de Coran et de théologie musulmane.
2) À quel âge avez-vous commencé la mémorisation du Coran? Et à quel âge l’avez- vous achevé?
J’ai débuté la mémorisation à l’âge de 35 ans et je l’ai achevée à 39 ans الحمد لله tout en m’occupant de mes enfants. Par la grâce d’Allah, je suis mujazza de 2 lectures, riwayat hafs et warch.
3) Auprès de qui et où appreniez-vous le Coran?
J’ai appris le premier quart du Coran seule à la maison, et le reste à la mosquée avec un professeur.
4) Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie d’entreprendre ce périple?
Ce qui m’a poussé à vouloir connaître Allah, c’est la mort d’un ami de la famille.En effet, la mort reste le meilleur des rappels… Le meilleur moyen d’en savoir plus sur mon Créateur a été de me rapprocher de sa parole. Ma seule volonté me suffisait à continuer sur ce chemin. Le regret de ne pas avoir débuté plus tôt m’envahissait, et la peur de mourir sans l’avoir achevé devenait une obsession.
5) Quel a été le rôle joué par votre entourage? Vous-ont-ils soutenu pendant votre itinéraire? Ou au contraire découragé?
Au début, mon entourage ne prenait pas au sérieux ma volonté d’apprendre le Coran. Ils pensaient que c’était seulement passager, et qu’au fil du temps ça s’étoufferait. J’avais le droit aux remarques du genre » l’apprentissage c’est fait pour les jeunes », ou encore » tu as une famille, ce n’est pas fait pour toi! »
Mais plus j’avançais, plus on me soutenait, et plus on croyait en moi. Par la grâce d’Allah, un membre de ma famille a achevé le Coran en me voyant l’apprendre ; il était émerveillé par la parole d’Allah et c’est lancé ce défi de l’apprendre également.
6) Quelle méthode utilisiez-vous pour mémoriser le Coran?
Tout d’abord, avant de me lancer dans l’apprentissage de la sourate, je lisais ou écoutais les Tafssir de Al Cha’rawi et Abu Bakr Al Jaza’iri. Ensuite, je lisais la page que je devais apprendre, et je répétais chaque verset 1 par 1 jusqu’à mémorisation complète de la page. Je me mettais des repères, comptais les mots répétés, j’écrivais les versets qui m’étaient difficile à l’apprentissage. Au début, je peinais à réviser mais par la suite j’ai su m’organiser : du lundi au vendredi j’apprenais et révisais en même temps, et le week-end, je le consacrais à la révision des 5 pages apprises durant la semaine. Actuellement, j’essaye de réviser 1 djuz par jour, ce qui me permet de faire une khatma (une lecture complète) par mois.
7) Pourriez-vous nous décrire une semaine type et une journée type que vous passiez (ou passez) durant la période de votre mémorisation?
Avant de reprendre mes études, je me réveillais avant salat al fajr ou restait après la prière, en fonction de la saison. Je profitais de ce moment là ou les enfants dorment et là ou le calme règne pour une plus grande concentration. Je mémorisais ma page jusqu’au réveil de mes enfants et je repartais à mes occupations mondaines. Je profitais de la moindre minute pour écouter le tafssir ou la sourate que j’apprenais. Le but était réellement de se rappeler d’Allah à chaque instant ; en faisant la cuisine, dans la salle d’attente, dans la voiture, au parc avec les enfants… Le soir, entre Al Maghreb et Al Ishaa, je révisais mon ancien hifzh ainsi que la page que j’ai appris en journée. Cette journée se répétait alors du lundi au vendredi. Je consacrais le samedi à la révision complète de ce que j’ai appris et je récitais le tout dimanche au professeur, à la mosquée. Lorsque j’ai repris mes études, le temps me manquait pour l’apprentissage, j’ai donc réduit mes quantités. Je profitais alors des vacances pour avancer un maximum, [bctt tweet= »J’ai d’ailleurs appris Al Baqarah et Ali Imran en 1 mois et demi durant les vacances d’été ! » username= »MonQuranEtMoi »]
8) Combien de temps le Coran consacriez-vous par jour lorsque vous le mémorisiez et combien de temps vous prend-il pour le réviser maintenant?
La mémorisation d’une page n’excédait pas les 1h30, et actuellement, la révision d’un djuzz complet me prend entre 1h et 2h, tout dépend de ce que je révise. Une sourate que j’ai mémorisé facilement et révisé régulièrement, me prend beaucoup moins de temps qu’une sourate bâclée!
9) Avez-vous connu des moments de faiblesse? Des moments où vous vouliez tout lâcher? À quoi était-ce dû et comment avez-vous fait pour les surmonter?
Al hamdulillah je n’ai connu aucun moment de faiblesse durant mon parcours. Mon objectif m’obsédait, je croyais en moi, même si mon entourage ne me soutenait pas toujours. La difficulté ne m’a jamais fait froid aux yeux, je savais qu’Allah était avec moi.
10) Dans le même ordre d’idées quelle a été la plus grande épreuve rencontrée dans votre parcours? Y a-t-il eu des fragments du Coran plus difficiles à assimiler que d’autres?
Ma plus grande difficulté était l’oubli. Lorsque je mémorisais, une sourate, je l’oubliais rapidement si je ne restais pas attachée à sa révision. Sourate Al Ra’ad et les « hawamim » (De sourate AL Ghafir à sourate Al Ahqaf, sont des sourates qui commencent par les deux lettres Ha et Mim) on été les sourates les plus difficiles pour moi à assimiler. Je trouve également de la difficulté lors de la révision des fins de sourates. Généralement, les fins sont bâclées et on ne revient pas assez dessus comme les débuts de sourates.
11) Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez mémorisé le dernier verset? Et lequel était-ce?
Le dernier verset que j’ai mémorisé a été celui de sourate Al Baqarah. J’étais tellement heureuse et émue à l’idée d’avoir atteint mon objectif.Je ne remercierai jamais assez Allah azza wa jal de m’avoir permis de faire parti des huffazh, quelle ni’ma! Mais lorsque je repensais à la révision de la globalité, ma joie était de suite freinée lol.
12) Quel est le verset où la sourate qui est chère à votre coeur? Pourquoi? *
Il y’a deux versets qui sont chers à mon coeur. Le 1er est : » الحمد لله ربِّ العَالَمِين » de sourate Al Fatiha. Ce verset nous rappelle la grandeur du Seigneur des univers, et ce n’est pas pour rien que le Coran débute par ce verset.
Le 2ème, issu de sourate Yunus, nous rappelle quels sont les réels bienfaits d’Allah azza wa jal : » قُلْ بِفَضْلِ ٱللَّهِ وَبِرَحْمَتِهِۦ فَبِذَٰلِكَ فَلْيَفْرَحُوا۟ هُوَ خَيْرٌۭ مِّمَّا يَجْمَعُونَ » ; « Dis: «[Ceci provient] de la grâce d’Allah et de Sa miséricorde; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent» « . [bctt tweet= »On prend alors conscience de Sa grâce, et de l’importance de la relation intime que l’on doit entretenir avec Lui. » username= »MonQuranEtMoi »]
13) Avez-vous une anecdote particulière à partager avec nous que vous avez vécu en mémorisant, lisant, révisant ou récitant une partie en particulier?
Je n’ai pas d’anecdote particulière durant mon parcours, mais les circonstances dans lesquelles j’ai découvert le Coran ne sont pas courantes.
J’ai passé ma jeunesse au Maroc, jusqu’à mes 19ans, sans avoir aucune relation spéciale avec Allah azza wa jal. J’ai alors déménagé en Arabie Saoudite, où j’étais professeur d’anglais, et où je fréquentais des professeur de Coran ainsi que de théologie. Toujours aucun lien fort avec mon créateur.
Allah (swt) a voulu que se soit en France, et non pas dans un pays musulman, que je découvre son Livre sacré. J’en ai appris plus sur ma religion et fait des études de théologie musulmane (chariaa) dans un pays laïc subhana Allah! Comme quoi, le lieu ou l’on habite n’influe en rien sur notre position face au Coran, c’est Allah seulement qui décide de nous mener sur ce chemin, quand Il veut, et ou Il veut subhanah.
14) Quel conseil donneriez-vous pour conjuguer la mémorisation du Coran avec la vie familiale et professionnelle?
Mon conseil personnel est de s’organiser, il faut éliminer petit à petit toute occupation qui n’est pas essentielle et qui fait perdre du temps.Il faut être préoccupé par le Coran, et utiliser chaque petit instant pour mémoriser ou réviser. Il faut faire passer le Coran avant tout, car si on le fait passer après toute activité futile, la fatigue prend le dessus et l’efficacité n’est pas au rendez-vous.
15) Qu’est-ce que le Coran vous a apporté dans votre vie?
Le Coran a littéralement changé ma vie. Il y’a clairement un avant/après l’apprentissage, que l’on ne peut pas comparer. Allah subhanahu wa taa’ala m’a fait Son plus beau cadeau, je ne lui en serai jamais assez reconnaissante. Le musulman doit toujours voler avec l’aile de la crainte et l’aile de l’espoir; il y’a toujours ce souci d’être à la hauteur de ce qu’Allah m’a donné, cette crainte constante d’être parmi les huffazh qui désobéissent à Allah. Cette crainte me laisse implorer Allah quotidiennement pour que le Coran témoigne en ma faveur au jour dernier, et non pas le contraire…. Et de l’autre côté il y a cette ambition, cet amour pour la parole d’Allah! J’ai maintenant la conviction que le Coran est un bienfait, une énorme ni’ma, mais aussi une épreuve d’Allah.
16) Si vous aviez un conseil technique (et pratique) à donner à ceux qui vous liront, lequel serait-Il? Quel est selon vous l’élément clé à prendre comme allié et à ne pas négliger pour y arriver in sha Allah?
La première clé de la réussite est la sincérité. On se doit de travailler sur note intention constamment, afin de ne pas tomber dans l’ostentation.
La deuxième est de ne pas donner une grande importance aux difficultés, ne pas en parler autour de soi, les gérer seul en implorant l’aide d’Allah azza wa jal. Il faut savoir que dans n’importe quel domaine, la difficulté est présente, alors si il s’agit de la parole d’Allah, nous, petites créatures, nous devrions nous plier en quatre pour les supporter.
Implorez Allah! Persevérez et ne lâchez jamais lorsque vous avez débuté, car quand vous goûtez au délice du Coran, plus rien ne peut vous arrêter.
Soyez certains que si Allah ne l’a pas facilité, nous ne serions jamais capable d’apprendre la parole du Seigneur de l’univers, comme Il a cité dans sourate Al Qamar : » En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir? «